Alors que l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne a été secouée par un scandale d’antisémitisme dans des groupes WhatsApp de licence il y a moins de 2 mois, la présidence de l’université menée par Cristine Neau-Leduc semble sur les nerfs.
Un email envoyé à l’ensemble des agents et usagers de l’université dans l’après-midi du 5 novembre 2025 annonce :
« Chères et chers collègues,
Chères étudiantes, chers étudiants,Hier, un nouveau blocage du centre Pierre-Mendès-France a eu lieu. A la mi-journée, quelques dizaines d’étudiants ont empêché l’accès aux ascenseurs entravant dès lors le fonctionnement normal du site pour le reste de la journée. En conséquence, une fois encore, les enseignements prévus dans les étages du centre l’après-midi n’ont pas pu se tenir et l’activité générale sur place a été fortement perturbée.
Ce recours régulier aux blocages est intolérable et entraîne des conséquences pédagogiques désastreuses pour les étudiants tout autant qu’il dégrade les conditions de travail des personnels. Il induit également des risques significatifs en matière de sécurité des personnes et des biens.
Ces comportements s’inscrivent par ailleurs dans un contexte permanent de diffusion de fausses informations et d’accusations mensongères qui, s’il n’est pas étonnant vu l’évolution du débat public dans les sociétés occidentales, est particulièrement inquiétant dans une université, lieu par excellence du savoir et du débat éclairé. Nul doute que la communauté universitaire dans sa grande majorité sache faire la part des choses et restituer aux mots démocratie, liberté et répression leurs sens véritables.
Dans ce contexte, nous avons constaté hier plusieurs actes et comportements parfaitement inacceptables dans ce qui apparaît, au-delà de la lassitude et de l’épuisement qui nous saisissent toutes et tous devant cette situation, une aggravation insupportable.
Ainsi, hier, des étudiants ont tagué à de nombreuses reprises les murs du bâtiment. Hier, deux portes ont été fracturées. Plus grave encore, un agent de l’université a fait l’objet d’une menace de mort dans un tag. Un cap a été franchi. Une plainte auprès du procureur de la République est en cours de dépôt.
Pour légitimes que pourraient paraître les causes défendues, une mobilisation n’autorise pas tout et n’importe quoi et sûrement pas les menaces à l’encontre des personnels de l’établissement et les dégradations. Nous tenons d’ailleurs à réaffirmer sans aucune ambiguïté notre soutien à tous les personnels qui subissent de tels comportements inadmissibles et, de manière générale, un bouleversement trop répétitif de leurs conditions de travail.
Chacune et chacun a le droit d’étudier et de travailler dans de bonnes conditions et il est de notre responsabilité d’assurer le fonctionnement normal des sites. Depuis désormais de nombreux mois, et même plusieurs années, nous subissons des blocages à répétition menés souvent par un très faible nombre d’étudiants. L’université a toujours respecté les mobilisations. Elle accorde notamment systématiquement des amphithéâtres pour les assemblées générales dès lors que la demande en est formulée. Il a même parfois été toléré certains comportements excessifs, à la limite du supportable. Cela a d’ailleurs pu être reproché. Mais il s’agissait alors de tenter de conserver un équilibre qui semblait pouvoir être préservé, en dépit de son impact conséquent sur la communauté universitaire. La limite est désormais franchie. Le fonctionnement de l’université, la continuité du service public, notamment pédagogique, la sécurité des personnels et des étudiants sont désormais mis en péril. Épuisement des personnels, menaces de mort, dégradations, tout cela n’est plus supportable.
Les étudiants qui s’enferment dans une telle démarche de blocages à répétition feront désormais l’objet de poursuites disciplinaires systématiques et d’interdiction de campus. Les organisations qui soutiennent ou participent aux blocages et qui refusent de se conformer aux règles de fonctionnement de l’université se verront retirer leur reconnaissance. Une réunion d’échange en présence des organisations étudiantes représentatives a été organisée par le directeur général des services le 3 novembre dernier afin de rappeler expressément les règles applicables et même les ajuster au besoin. Elles ont été acceptées par les organisations étudiantes dans un échange constructif avec les participants qui doit être salué. Il peut d’ailleurs être regretté que certaines organisations aient fait le choix de ne pas y prendre part.
Il existe dans notre démocratie universitaire de nombreuses voies pour mener le débat et exprimer son désaccord. Le blocage, les menaces et les dégradations ne sauraient en faire partie. Chacune et chacun a le droit d’étudier et de travailler dans des conditions sereines et il est du devoir de l’université, de notre devoir collectif, de le garantir.
Christine Neau-Leduc,
Présidente de l’université »
S’attaquer aux blocages emblématiques de Tolbiac est une démarche risquée, les observateurs avertis sachant que la professeure Neau-Leduc perdra probablement ce match.
Certaines organisations étudiantes se questionnent par ailleurs sur les raisons ayant poussé la présidence à réagir. Dans un communiqué publié la veille, le Poing Levé Paris 1, syndicat d’extrême-gauche aux méthodes souvent douteuses, affirmait :
« Après le succès des journées de mobilisation pour la Palestine du 15 et 21 octobre, la présidence de Paris 1 a choisi de passer à l’offensive pour empêcher que les mobilisations se poursuivent. En effet, ce lundi la Direction Générale des Services (c’est à dire l’institution interne à Paris 1 qui gère pour la présidence les questions de « sécurité » notamment) a « invité » l’ensemble des élu·es étudiant·es à une réunion. […]
Cette « invitation » est une véritable tentative d’intimidation contre les organisations qui ont appelé aux journées de mobilisation pour la Palestine du 15 et 21 octobre dernier, et plus largement une tentative d’empêcher toute mobilisation étudiante contre le génocide et la colonisation en Palestine à Paris 1. En « invitant » de la sorte les organisations étudiantes, elle cherche à désinciter à la tenue de prochaines dates de mobilisation, de peur de voir se développer un véritable mouvement étudiant qui remette en question les fondements même de l’université sélective, austéritaire et complice du génocide que veut imposer le gouvernement. Après les coups de pression, les locks out, et le refus de laisser entrer des militant·es des flottilles dans l’université, la fac passe par les organisations étudiantes et de personnel·es pour tenter d’intimider les étudiant·es et personnel·les solidaires avec la Palestine. »
Tolbiac la rouge est-elle allée trop loin ? Affaire à suivre. 🍿


