Non, vos vaisseaux sanguins mis bout à bout ne mesurent pas 100 000 kilomètres

Il est temps de mettre fin à ce mythe, qui date d’il y a plus d’un siècle.

Une idée reçue (très) communément admise, y compris par des organismes réputés comme l’Université de Genève, veut que si l’on mettait bout à bout les vaisseaux sanguins d’un être humain adulte, on obtiendrait une longueur de 90 000 à 100 000 kilomètres, soit plus de deux fois le tour complet de la Terre.

Cette estimation est issue d’un ouvrage publié en 1922 par le physiologiste danois August Krogh. Pour obtenir ce chiffre, celui-ci a fait des hypothèses erronées sur la densité capillaire. Il a également utilisé un corps hypothétique pesant 140 kg avec 50 kg de muscle pur, soit un physique irréaliste, pour obtenir le chiffre rond de 100 000 km.

En 2021, grâce à la connaissance de valeurs effectives de la masse musculaire et de la densité capillaire d’un adulte, une étude a mis en avant une valeur plus proche de la réalité : la longueur totale des vaisseaux sanguins d’un humain adulte est en réalité comprise entre 9 000 et 19 000 kilomètres.

Malheureusement, les centaines de milliers de documents reprenant cette fausse information et publiés dans les 100 dernières années ne seront pas corrigés, et celle-ci continuera probablement à se propager dans l’imaginaire collectif de plusieurs générations…

Ces post-it magnétiques réutilisables sont magnifiques

L’idée d’un « post-it réutilisable » semble incongrue au premier abord. L’intérêt d’un post-it1 n’est-il pas son caractère jetable voire fugace ? Le projet Kickstarter M NOTE, lancé par l’entreprise hongkongaise Bravestorming, m’a fait changer d’avis.

Crédit images : Bravestorming.

Voici des extraits d’un article de test2 sur le site internet Yanko Design :

« La possibilité d’empiler et de réorganiser magnétiquement les notes transforme toute surface plane en un storyboard dynamique. Vous planifiez un projet ? Superposez les tâches par ordre de priorité. Vous modifiez une conception ? Déplacez les éléments jusqu’à ce que tout s’emboîte. M NOTE fonctionne comme un hybride entre une note adhésive et un tableau blanc modulaire, avec la flexibilité de grandir et de changer au fur et à mesure que les idées évoluent.

Sa conception unique vous permet de décoller les notes aussi facilement que vous les collez. Il suffit d’appuyer sur l’un des bords de la note pour qu’elle se soulève, ce qui vous permet de la décoller facilement au cas où vous souhaiteriez la réorganiser ou la jeter pour plus tard. Selon Bravestorming, le dos magnétique et adhésif peut être utilisé plus de 10 000 fois. Les aimants sont suffisamment puissants pour retenir des morceaux de papier tels que des tableaux, des feuilles de papier ou même un marqueur pour tableau blanc (tout comme le support adhésif), et l’adhésif fonctionne sur toute une série de surfaces non magnétiques, vous donnant la partie « collante » d’une note autocollante.

Il y a même un plaisir tactile à travailler avec le M NOTES que le papier fragile n’a pas. Les notes individuelles sont petites mais robustes, et elles s’empilent merveilleusement bien, créant un jouet avec lequel il est agréable de jouer. « C’est comme jouer avec des LEGO ou des échecs », explique l’équipe de Bravestorming.

Les M NOTES sont disponibles en 3 tailles et 9 couleurs, et au cas où vous souhaiteriez un peu plus de polyvalence, la M POCKET de Bravestoming vous permet de glisser une impression ou une photo à l’intérieur, ce qui vous donne une note autocollante personnalisable à la place. Cela signifie que vous pouvez tout ajouter, de la photo de votre animal de compagnie ou d’un être cher au logo d’une entreprise ou même à un code QR. Les possibilités sont infinies – Bravestorming montre comment utiliser le M POCKET, facile à imprimer, pour planifier des repas ou des séances d’entraînement, suivre la consommation d’eau ou même imprimer des modèles de votre choix que vous pouvez utiliser pour stimuler votre productivité.

Au lieu de contribuer à un gaspillage de papier sans fin, cette alternative modulaire et effaçable s’intègre parfaitement dans un flux de travail plus respectueux de l’environnement. Un seul jeu remplace les piles de notes en papier, réduisant ainsi l’encombrement tout en s’alignant sur un état d’esprit qui privilégie la réutilisation à l’élimination. Et contrairement aux notes adhésives traditionnelles, qui ont tendance à se froisser dans les sacs ou à perdre leur pouvoir adhésif avec le temps, les notes M NOTE sont conçues pour durer. Qu’ils soient utilisés sur un réfrigérateur pour les rappels, sur un espace de travail pour la gestion de projets ou sur un carnet de croquis pour les gribouillages impromptus, ils tiennent bon. »

Le pack le moins cher étant proposé à 23 € (au prix promotionnel de financement participatif !) pour 11 post-it et 1 marqueur, cela reste un produit de niche probablement trop cher pour ce qu’il offre ; mais ça me fait plaisir de voir que le financement participatif permet toujours d’imaginer de beaux produits innovants pour ceux que cela passionne.

  1. Post-it étant le nom d’une marque, les puristes préfèreront peut-être l’appellation de « petite feuille de papier autoadhésive amovible, qui fait partie d’un petit bloc » ? ↩︎
  2. Le ton de l’article est extrêmement promotionnel : il n’est pas clair à la lecture de s’il s’agit d’un publireportage, ni même de si le journaliste a pu utiliser le produit. ↩︎

Remonter le temps sur Géoportail

De manière remarquablement régulière, je redécouvre le site internet Géoportail mis en œuvre par l’IGN. Je viens d’y découvrir un outil que je ne connaissais pas et que je me vois obligé de partager : Remonter le temps.

Au-delà des cartes et photographies actuelles, sont également disponibles parmi les fonds de carte disponibles sur le portail la carte de Cassini, les cartes de l’état-major (1820-1866), la carte IGN de 1950 et des photographies aériennes de 1950. Ces fonds de carte sont accessibles de longue date sur Géoportail, sans inscription ni publicité.

Le site internet dédié Remonter le temps va plus loin, en permettant de comparer en temps réel cartes et photographies actuelles et anciennes. Attention, ne cliquez sur ce lien que si vous avez 30 minutes à perdre. 🙂

Il est ensuite possible de télécharger un scan très haute résolution de la carte historique pour la zone choisie. Le tout est très bien pensé, notamment pour un service gratuit.

Ma découverte préférée du jour : cette carte des 5ème et 13ème arrondissement de Paris issue des fonds de l’état-major datant de 1820 à 1866. On voit les jardins du Luxembourg en haut à gauche, le jardin des plantes proche de la Seine, et même la rivière de la Bièvre, aujourd’hui enfouie sous Paris.

Le manifeste de Luigi Mangione supprimé du site de Mediapart

Le manifeste écrit par Luigi Mangione, principal suspect dans l’assassinat du PDG de la mutuelle santé américaine United Healthcare, a été publié par le célèbre journaliste américain Ken Klippenstein le 10 décembre 2024.

3 jours plus tard, le manifeste n’a été publié dans son intégralité par aucun média français d’importance, à l’exception de Mediapart, à travers sa plateforme de blogs. Un article intitulé Le « manifeste » de Luigi Mangione traduit en Français a ainsi été publié par le contributeur Sidoinec sur son blog Barre à Bâbord ! le 12 décembre 2024, mais celui-ci a rapidement été supprimé. Le lendemain, l’article est toujours visible dans les moteurs de recherche ainsi que sur la Wayback Machine.

L’article supprimé toujours visible sur Google.

Le site de Mediapart n’indique aucun motif pour cette suppression, se contentant de renvoyer vers une page d’erreur 404. Cette suppression peut cependant intriguer, étant donné que l’absence d’appel à la violence stricto sensu dans le texte et sa longueur limitée.

Traditionnellement, les organisations de presse refusent de publier les manifestes des tueurs de masse pour des raisons évidentes ; cependant, de nombreuses personnes voient dans cet assassinat un acte fondamentalement différent, ce qui soulève des questions éthiques dans lesquelles je ne vais pas me plonger1. Quoi qu’il en soit, cette affaire soulève de nombreuses questions au sein des rédactions aux États-Unis, certains journalistes contestant notamment le choix du New York Times de ne plus publier le visage du suspect, jugé trop photogénique.

Le manifeste peut être consulté en cliquant ici (en anglais).

  1. À titre personnel, je considère qu’un meurtre n’est jamais justifiable, mais ce débat mérite des développements plus poussés qu’une note de bas de page. ↩︎

OpenAI peut-elle survivre ?

Ed Zitron vient à nouveau de publier un excellent article dans sa newsletter (en anglais) sur les chances de survie de l’entreprise américaine OpenAI, qui conçoit notamment le modèle de langue ChatGPT.

Dans un contexte de poussée d’inquiétude des investisseurs sur la viabilité économique et légale des modèles d’intelligence artificielle, cet article particulièrement bien recherché s’interroge sur la capacité d’OpenAI à survivre l’éclatement probable et imminent de la bulle de l’intelligence artificielle.

L’entreprise a beau être la start-up la plus en vue dans le domaine (et ce de très très loin !), Ed Zitron identifie et détaille plusieurs défis qui l’attendent dans les prochaines années :

« J’émets l’hypothèse que, pour qu’OpenAI survive plus de deux ans, l’entreprise devra (sans ordre particulier) :

  • Naviguer avec succès dans une relation alambiquée et onéreuse avec Microsoft, qui existe à la fois comme une bouée de sauvetage et une source directe de concurrence.
  • Lever plus d’argent qu’aucune startup n’en a jamais levé dans l’histoire, et continuer à le faire à un rythme totalement inédit dans l’histoire du financement.
  • Réaliser une percée technologique significative qui réduise les coûts de construction et d’exploitation de GPT – ou de tout autre modèle qui lui succédera – d’un facteur de plusieurs milliers de pour cent.
  • Réaliser une percée technologique si importante que GPT soit en mesure de prendre en charge de nouveaux cas d’utilisation totalement inédits, qui ne sont actuellement pas possibles ou dont les chercheurs en intelligence artificielle n’ont pas émis l’hypothèse qu’ils pourraient l’être.
  • Faire en sorte que ces cas d’utilisation soient capables à la fois de créer de nouveaux emplois et d’automatiser entièrement les emplois existants de manière à valider les dépenses massives en capital et les investissements infrastructurels nécessaires pour continuer. »

L’avenir lui donnera peut-être tort, mais je trouve cette perspective très intéressante. Revoilà le lien vers l’article, dont je recommande chaudement la lecture. 🙂

Les difficultés inattendues pour se connecter à internet en Antarctique

Je dois remercier Tom Scott pour avoir partagé dans sa dernière newsletter le blog brr.fyi, créé et maintenu par une personne qui a travaillé comme technicien informatique sur une base américaine en Antarctique.

Dans un article publié récemment et intitulé « Des solutions techniques pour l’Internet lent » (en anglais), l’auteur retrace dans le détail les déboires des occupants de la base antarctique McMurdo pour utiliser internet. Si vous lisez l’anglais et que le sujet vous intéresse un minimum, je recommande fortement la lecture de cet article.

En attendant, voici quelques informations que j’ai trouvées intéressantes :

  • Il est très difficile de poser un câble de fibre optique jusqu’en Antarctique, donc les bases américaines se connectent par satellite.
  • La connexion par satellite n’est possible que lorsque les satellites sont situés au-dessus de l’horizon, ce qui n’arrive que pour 4 heures par jour lorsque l’on est en Antarctique. La connexion n’est donc possible que dans ce créneau très restreint de 4 heures !
En bleu, la période de visibilité du satellite pour le mois d’octobre 2023. Il y a un décalage de 4 minutes par jour en raison de la différence entre temps sidéral et temps civil.
  • Évidemment, le trafic internet est consacré en priorité aux missions essentielles de la base. Cela ne laisse aux occupants que des miettes de connexion (en moyenne 750 ms de latence, 10% de pertes et un débit de 40 kbps !) pour leurs usages personnels.
  • Dans de telles conditions, de nombreuses applications populaires refusent tout simplement de fonctionner. L’auteur donne – sans la nommer – l’exemple de l’application de tchat Slack, qui insiste pour télécharger 20 Mo de Javascript dans un temps limité avant de pouvoir s’ouvrir.
809 requêtes HTTP, 51 Mo de données transférées et 26 minutes de chargement pour une simple application de messagerie !
  • L’auteur propose de nombreuses solutions techniques, étonnamment simples, pour rendre utilisables ces applications sur de telles connexions :
    • Permettre aux utilisateurs d’outrepasser les outils de téléchargement inclus dans les applications.
    • Améliorer les outils de téléchargement dans les applications et dans les OS (notamment pour les mises à jour système), en permettant aux utilisateurs de mettre en pause les téléchargements et de les reprendre plus tard.
    • Éviter les délais d’attente codés en dur (« hardcoded timeouts« ).
    • Améliorer les interfaces utilisateur de chargement et de téléchargement, en indiquant clairement à l’utilisateur ce qu’il s’est passe.

L’impressionnante fréquence du RER A

Il y a quelque chose qui ne cesse de m’impressionner à chaque fois que je vais à la gare de Châtelet – Les Halles en heure de pointe : la fréquence sur cette ligne est telle qu’il arrive tous les jours qu’un train (qui mesure tout de même 224 mètres et roule jusqu’à 100 km/h sous Paris !) entre en station alors que le suivant ne l’a pas encore complètement quittée.

Une vidéo publiée par le compte spécialisée Le Ferropirate sur Twitter montre bien un train entrer en station moins de 15 secondes après le départ du précédent :

En effet, la RATP et la SNCF, qui exploitent conjointement la ligne, prévoient dans le schéma directeur de la ligne 26 trains par heure en heure de pointe, soit un train toutes les 2 minutes 20, ce qui supérieur à la fréquence de nombreuses lignes de métro pourtant bien moins capacitaires.

Si une telle fréquence est logique pour la ligne la plus dense d’Europe (voire du monde…) avec 308 millions de voyageurs par an et 640 000 voyageurs à chaque heure de pointe (à titre de comparaison, la ville de Lyon ne compte que 522 250 habitants en 2021), elle n’en reste pas moins techniquement impressionnante, surtout lorsqu’on la compare à celle des RER B et D, nettement moins bien loties, avec qui elle est en correspondance à Châtelet.

Créer un blog simple, joli et moderne avec Pika

C’est en lisant un article sur le blog de Brendon Bigley que j’ai découvert Pika, un nouvelle plateforme de création et d’hébergement de blogs créée par la startup américaine Good Enough.

Pika se veut être « une plateforme de blog jolie et très facile », avec un éditeur de texte minimaliste « conçu pour correspondre parfaitement à la façon dont vos mots seront présentés aux lecteurs », un design très joli par défaut et une « une approche de thématisation sans code, simple et flexible ».

Après avoir un peu joué avec Pika, je dois admettre que l’outil est une joie à utiliser et donne vraiment envie de se mettre à écrire – et de ne jamais arrêter de publier. On comprend très rapidement le slogan de « Start your happy blog with Pika » (« lancez votre blog heureux avec Pika »).

Pour un logiciel de blog, Pika a une interface très simple et épurée mais est relativement puissant, avec des mises à jour très régulières. Il est conçu pour des blogs simples et n’a pas toutes les possibilités d’un WordPress.

En revanche, il pêche par son prix : la version payante de Pika coûte au choix 6 dollars américains par mois (5,52 € en juin 2024) ou 60 dollars par an (55,22 €), auxquels il faut ajouter son propre nom de domaine (généralement 15 € par an). Je trouve cela relativement cher, surtout pour des blogueurs débutants et/ou occasionnels, d’autant plus que la version gratuite de Pika semble trop limitée (50 posts et 3 pages maximum).

Cela pourrait gêner le développement de ce nouveau logiciel, d’autant plus que le web est loin de connaître une pénurie de plateformes de blogging simples… Toutefois, avec la qualité des blogs (tous magnifiques selon moi) et les arguments en sa faveur résumés par Jason McFadden (en anglais), je sens que Pika va continuer à me faire de l’œil encore un petit moment 🙂

Il est maintenant possible d’acheter du Placebo®

Voilà une très belle nouvelle pour les amateurs de médecine douce tout comme pour ceux qui ne jurent que par le consensus scientifique : le premier comprimé placebo destiné au grand public est désormais disponible à la vente.

Cette initiative française, qui prend la forme de tablettes de 30 gélules entièrement véganes, promet d' »activer le pouvoir de votre esprit » grâce à un effet 100% placebo.

Sur son site internet, Le Placebo souligne que « le pouvoir de guérison est en vous », affirmant que « la confiance en votre traitement est la clé de votre guérison ».

La boîte de 30 gélules 500mg peut être commandée en ligne sur Le-Placebo.fr pour 9,99€ (livraison offerte).

Comment Prabhakar Raghavan a tué Google Search

Ed Zitron a récemment publié un article intitulé The Man Who Killed Google Search (« L’homme qui a tué Google Search », en anglais), dans lequel il explique en détail comment Prabhakar Raghavan, l’ancien responsable des annonces de Google, a mené une sorte de coup d’État pour pouvoir diriger Google Search, et comment une chaîne de courriels datant de 2019 a déclenché une cascade d’événements qui l’ont conduit à rendre le moteur de recherche Google quasiment inutile pour la plupart des recherches avancées.

En résumé, Ben Gomes était un spécialiste de la recherche qui travaillait chez Google depuis 1999, avant même qu’il n’y ait des publicités dans les résultats de recherche. Il a été remplacé par Prabhakar Raghavan, qui était auparavant responsable de la publicité au sein de l’entreprise. Résultat : au lieu d’avoir une séparation entre l’activité de recherche et l’activité publicitaire, la recherche est devenue une filiale des publicités.

Cet article est en grande partie tiré des courriels publiés dans le cadre du procès antitrust intenté par le ministère de la justice américain contre Google. L’histoire est-elle si simple ? Il est difficile d’en être sûrs, mais le récit d’Ed Zitron apparaît très convaincant.

John Gruber en tire un constat clair : pour lui, que ce soit dans les journaux, les chaînes de télévision, les systèmes d’exploitation, les moteurs de recherche… « si le contenu est soumis à la publicité, alors le contenu ira au diable ». Autrement dit, pour avoir un produit qualitatif et qui dure, il ne faut jamais laisser les équipes publicitaires en charge du produit.

L’article a entraîné de très nombreux débats sur Twitter et sur Hackernews, auxquels ont notamment participé d’anciens employés de Google. Le principal intéressé a quant à lui fait usage de son droit de réponse auprès de la publication spécialisée Search Engine Roundtable.